Ca fait quand meme pas mal de temps que je commence a me poser des questions sur moi-meme, du style: "Ai-je perdu toute notion de moralite ?", "Suis-je trop detache face a un certain visage de la condition humaine", enfin ce genre de choses, quoi.

Samedi dernier, apres une petite soiree sympa - mais bruyante - au Hard Rock Café avec les irreductibles (PierreMarie2, Joyeuse, Awa), alors que PierreMarie2 ramenait difficilement une Joyeuse completement dans les vappes, j'ai reussi a trainer Awa dans la rue de la Luxure.

Awa avait ete, en quelque sorte, mon 'initiateur' aux coquino-bars. Surtout la deuxieme annee, c'est lui qui m'avait fait decouvrir Le Joyeux, Luciole, bref des hauts lieux du coquinage local. Il avait l'air parfaitement detache, il venait la en esthete. On s'y rendait souvent en deuxieme partie de soiree, avant de continuer en boite. Nous devisions gaiement, une fille sur chaque genou (ou presque). Nous lachions les biftons sans compter. De vrais gentlemen locaux, en sorte.

Depuis un an, j'avais poursuivi mon exploration en solo, et dans un but beaucoup moins philantropique - enfin, ca depend de quel point de vue on se place. Coincidence ou pas, ca faisait un bon bout de temps - presque 1 an - qu'Awa et moi ne nous etions retrouves ensemble dans un coquino-bar.

Mais cette fois-ci, c'est moi qui menais le jeu. J'avais decouvert quelques mois plus tot les Petites Poupees, un coquino-bar qui - selon moi - renouvelle completement le genre. J'y vais assez souvent, et je dois le dire, avec pas mal de plaisir a chaque fois. Je ne m'en suis pas encore lasse. C'est donc tres innocemment, avec une excitation enfantine (si, si), que j'ai traine Awa ce soir-la aux Petites Poupees.

Je me suis assis d'entree de jeu au bord de l'estrade, au coeur de l'action. Une danseuse courtement vetue est venue presque immediatement et a commence a me caresser les seins - enfin, dans la limite du raisonnable. Quand elle a approche sa main d'Awa, il a eu un mouvement brusque de recul. J'ai ete plutot surpris. "Il y a quelquechose qui ne va pas ?". "Ecoute, Magic, j'aime pas trop m'asseoir la". J'ai jete un coup d'oeil circulaire, puis j'ai laisse tomber, on etait assis, de toutes facons.

Les shows se sont enchaines, tous plus sexys les uns que les autres, avec toujours cette pointe d'originalite qui me plait bien, et toujours des filles superbes qui sourient. Sourire qui ne me quittait pas, d'autant plus qu'une nouvelle danseuse - que je connais un petit peu - est venue se frotter a moi, et du coup je lui ai paye un verre, et on a discute de tout et de rien. Bref, j'etais assez absorbe dans l'atmosphere du lieu, quand j'ai apercu le visage d'Awa, qui avait l'air un peu... desole, comme absent. Il avait l'air un peu consterne, comme si tout cela etait un peu ... trop.

Et c'est vrai, objectivement, c'est trop. Le show est tellement bon qu'il attire les obsedes de tout poil (vous remarquerez que je ne me classe pas dedans) et autres mateurs gaves d'alcool incapable de se tenir. Il est vrai que les shows sont parfois un peu hardcore - meme pour moi. Mais je me contente de peu, et j'ai de plus en plus tendance a 'gommer' automatiquement le mauvais cote des choses, donc mettez-vous a ma place, pour moi il ne reste plus que des filles superbement nues qui sourient: ou est le mal ?. Ou est le probleme de se preter au jeu, quand on a accepte son cote surfait ? Est-ce ma faute si j'arrive toujours a voir de l'humain dans ce que d'autres nomment Inhumain ?.

Tout cela m'a laisse songeur. Un mot me vient a l'esprit, messed up. Mais j'ai beau chercher, je ne trouve pas beaucoup d'elements a charge pour me culpabiliser. Je crois qu'en attendant, ca m'etonnerait grandement que je fasse un moratoire ou que j'applique un quelconque principe de precaution. Je crois que je vais soigner le mal par le mal.